Journée de la femme

En cette belle journée de la femme j'ai envie de me faire plaisir et me raconter une histoire, tout du moins ébaucher une histoire et poursuivre le récit au gré de mon inspiration.

Prologue

Un cortège d'adolescents accompagne le cercueil dans l'église sombre et fraiche. L'ambiance est lourde. La famille a voulu cette célébration pleine de vie et les témoignages se succèdent devant l'hôtel, tous évoquent l'appétit de vie de la disparue. Une vie stoppée en plein vol à dix huit ans.

Dans son recueillement Marie ressent une chaleur envahir sa nuque. Instinctivement elle se retourne et découvre au loin des yeux posés sur elle. Elle reconnaît ce regard. Ce garçon qu'elle n'avait pas revu depuis deux ans. Son rythme cardiaque s'accélère, elle ne le contrôle plus. Des images reviennent instantanément. Ils étaient assis cote à cote sur ce banc, le même pendant des semaines. Plusieurs bancs meublaient ce petit square caché en contrebas de la route. Le banc était devenu leur espace d'intimité. Les arbustes environnants les protégeaient de la curiosité de leurs camarades. Sur ce banc ils échangèrent leurs premiers baisers. Pour Marie c'était les premiers, jamais aucune personne n'avait posé ses lèvres sur les siennes. Elle avait autorisé Ange à le faire parce qu'elle admirait ce garçon. Elle aimait l'assurance qu'il dégageait. Sa carrure sportive la rassurait. Il avait perdu son corps d'enfant et était presque un homme, ses origines corses faisait de lui un garçon robuste et volontaire. Marie, d'un an sa cadette était une jeune fille à la silhouette fine, elle cachait sa timidité derrière un joli sourire et des yeux verts tendres.

Aujourd'hui elle est assise sur un autre banc dans la pénombre de cette église, troublée par cette rencontre inattendue mais portée par le chagrin de la perte d'une amie. La cérémonie se termine et l'église se vide. Un long cortège s'étire de long des allées du cimetière, tous sont venus accompagner la jeune fille dans sa dernière demeure. Ange s'écarte de la foule comme pour prendre du recul, et scrute les silhouettes à la recherche de cette chevelure délicate dont le parfum discret lui revient en mémoire.